Texte par Karo M.
Ça va du long silence parce que la personne n’ose pas me demander si je suis alcoolique au « Ben voyons, c’est une occasion spéciale, ne viens pas me dire que tu ne peux pas faire exception! ».
Je l’avoue silencieusement, je suis très fière d’être à l’aube de mes deux ans d’abstinence d’alcool.
Pourquoi silencieusement ? À cause du malaise que ça créé.
Les réactions sont diversifiées mais, souvent, inconfortables. Ça va du long silence parce que la personne n’ose pas me demander si je suis alcoolique au « Ben voyons, c’est une occasion spéciale, ne viens pas me dire que tu ne peux pas faire exception! ». Il y a parfois aussi quelque chose de confrontant chez les gens comme s’ils croyaient que je les juge parce qu’ils ont un verre à la main.
Alors, je n’en parle pas, ou très peu. Je vais même jusqu’à camoufler mon abstinence en chuchotant à la serveuse et en prenant mon drink dans un verre pour qu’on ne voit pas la bouteille d’origine.
Je me cache pour ne pas boire. C’est fou hein ?
Je persiste à ne pas consommer d’alcool par respect pour moi-même.
Je me demande souvent si c’est la réaction des gens ou mon incapacité à expliquer clairement pourquoi je continue de faire ce choix qui amène le malaise.
Lorsque j’ai arrêté de boire, c’était un défi que je me lançais. Je voulais me prouver que je n’avais pas de problème d’alcool alors j’ai pris un engagement d’arrêter de consommer pendant un an. Nous étions le 1er janvier 2019.
Dernièrement, j’ai demandé à mon chum s’il considérait que j’avais un problème d’alcool avant. Sa réponse a été catégorique : « Pas du tout! » J’ai été plus loin pour qu’il comprenne que j’étais prête à l’entendre en lui demandant s’il trouvait que je lui demandais souvent de ramener une bouteille de vin lorsqu’il sortait faire des emplettes ou, quand on avait une sortie, il pouvait déjà prévoir que j’allais être pas mal cocktail à la fin de la soirée. Il a persisté à dire « Pas du tout ».
Pourtant, de ma perspective, ça en était un.
Je persiste à ne pas consommer d’alcool par respect pour moi-même.
Je suis remplie de bienveillance à mon égard depuis que je navigue dans la vie sans alcool.
Je vivais en déconnexion avec moi-même et c’est cette déconnexion qui provoquait le désir de m’étourdir.
Avec le recul, je réalise que, souvent, lorsque j’avais « besoin » d’un drink c’est parce que j’avais laissé la vie me malmener soit, en allant au-delà de mes limites en m’investissant démesurément au travail ou, en me plaçant dans des contextes qui viennent à l’encontre de mes valeurs sans dire un mot.
Je vivais en déconnexion avec moi-même et c’est cette déconnexion qui provoquait le désir de m’étourdir.
Vous voyez, ce n’est pas une explication comme celle-là qui réussira à dissiper le malaise !
C’est pourtant tellement ce que je souhaiterais que tout le monde sache.