C’est vraiment pas pour moi

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Témoignage par Karo M.

De ne pas boire de l’alcool n’est toujours pas si difficile mais, ce qui est déstabilisant, c’est que je « ressens » beaucoup.

Je suis abstinente d’alcool depuis le 1er janvier 2019.

C’était une de mes résolutions 2019. Avant même de démarrer, je rêvais de pouvoir éventuellement dire que j’avais arrêté de boire en 2019. Puisque je ne savais pas si c’était réaliste, je me suis dit que j’allais d’abord le faire une année.

Le 31 août 2019, j’écrivais “C’est juste pas pour moi” sur le blogue de Soberlab, qui expliquait que c’était moins difficile que je pensais et qui parlait d’un de de mes premier constat; ma petite voix intérieure.

Une année plus tard, mes constats vont un peu plus loin.

De ne pas boire de l’alcool n’est toujours pas si difficile mais, ce qui est déstabilisant, c’est que je « ressens » beaucoup. J’ai toujours été porté vers l’introspection mais là, c’est super intense. Évidemment, le contexte de la pandémie mondiale n’aide pas!

D’abord, l’euphorie est passée. 2019 a été exceptionnelle en événements heureux. Ça fait beaucoup d’adrénaline tout ça! L’adrénaline aussi ça étourdie!

Puis, une nouvelle année. Puis, la pandémie.

Je ne m’étais jamais considérée comme une personne anxieuse mais toutes ces règles à respecter me paralysent. Littéralement.

Pour jouer continuellement un rôle, un petit buzz, ça aide! Et que dire de l’adrénaline de la victoire, ça se fête!

Cette situation me permet de comprendre beaucoup de choses à propos de moi et de ma relation avec l’alcool. J’ai d’abord pensé que j’étais perfectionniste et c’est pour cette raison que l’idée de faire une erreur est si anxiogène. Il y a tellement de règles (officielles et non officielles). Il y a tellement de jugement.

À force d’y réfléchir, j’ai réalisé que ce n’est pas tant de faire les choses à la perfection qui me préoccupe mais plutôt l’idée de décevoir les gens. Et là, tout a commencé à faire du sens pour moi.

Toute ma vie, j’ai déployé beaucoup d’efforts pour créer des WOW! Je suis une addict aux WOW! Regarde si elle est jolie! Ah, quelle est drôle! Tabarouette qu’elle est intéressante! J’ai carburé à ces commentaires-là pendant plus de tente ans! C’est épuisant!

D’une part, je manque de pratique pour savoir qui est « mon moi authentique ». D’autre part, je me sens très vulnérable à l’idée d’être parfois « inadéquate » et j’ai un problème avec la vulnérabilité.

Pour jouer continuellement un rôle, un petit buzz, ça aide! Et que dire de l’adrénaline de la victoire, ça se fête! Et quand le WOW ne vient pas, on joue le tout pour le tout en ayant un plus gros buzz et en jouant encore « plus gros », comme diraient les comédiens.

Je comprends maintenant mieux la distinction entre la sobriété et l’abstinence de l’alcool. Je dois maintenant travailler sur ma sobriété émotive.

Je n’ai plus le goût de jouer. Je veux être moi. Mon moi authentique. C’est ça qui est difficile! D’une part, je manque de pratique pour savoir qui est « mon moi authentique ». D’autre part, je me sens très vulnérable à l’idée d’être parfois « inadéquate » et j’ai un problème avec la vulnérabilité. Pour éviter de vivre ma vulnérabilité, je m’engourdie, je fuis. Je ne consomme plus d’alcool mais je m’investie parfois démesurément dans mon travail, les réseaux sociaux, les jeux vidéo, etc.

Je comprends maintenant mieux la distinction entre la sobriété et l’abstinence de l’alcool. Je dois maintenant travailler sur ma sobriété émotive.

Je n’aurais jamais pensé que c’est d’arrêter de prendre de l’alcool qui en serait la clé.

La vie est géniale. Il y a une dizaine d’années, j’avais fait le souhait qu’à mon cinquantième anniversaire, je sois deux fois la femme que j’étais à vingt-cinq ans en termes d’authenticité et de sagesse. Je n’aurais jamais pensé que c’est d’arrêter de prendre de l’alcool qui en serait la clé.

Je persiste à dire que ma vie sans alcool est la meilleure chose qui me soit arrivé. Au-delà de toute cette introspection, j’ai le bonheur beaucoup plus facile au quotidien. J’ai beaucoup plus de compassion envers moi-même et les autres.

Je souhaite véritablement devenir ma propre meilleure amie.

Pour y arriver, c’est essentiel que j’apprenne à être moi, simplement.