Témoignage par David B.
On ne réalise tellement pas qu’on est dans un cercle vicieux et ça frappe plus vite qu’on peut même s’imaginer. Pourtant les signes sont là.
Depuis maintenant plus de six ans je dis : “Merci la vie.” Merci de me permettre de vivre une vie de sobriété qui passe par le merveilleux sentiment de me sentir léger à l’intérieur. Ça n’a pas toujours été le cas, loin de là. Depuis un très jeune âge, j’étais sur un parcours de destruction. J’étais un gars très sociable et moi, le party j’aimais ça! J’adorais être V.I.P dans les clubs, les restos. En d’autres termes, j’aimais flasher. L’alcool et la coke me faisait sentir puissant et important. Ça me permettait de me sentir apprécié, aimé et ça me donnait un buzz incroyable. En plus, ça m’empêchait de regarder en-dedans, le manque de confiance qui m’affectait et les vraies peurs qui m’habitaient depuis toujours. Je suis alors devenu un imposteur qui portait sans cesse des masques, qui s’adaptait à chaque personne pour m’abreuver de leur amour. Mais en faisant ça, j’ai perdu toutes les chances d’avoir une identité réelle, des valeurs qui m’appartenaient sincèrement.
Et on va se l’dire…Quand on vit au-dessus de ses moyens, il y a aussi un point de rupture de tout crédit. Comme l’argent, le crédit d’acceptation des mensonges, de soûleries et toutes les merdes qui viennent avec la consommation atteint une limite avec les êtres humains qui nous entourent. On ne réalise tellement pas qu’on est dans un cercle vicieux et ça frappe plus vite qu’on peut même s’imaginer. Pourtant les signes sont là. Personnellement, j’ai toujours eu une grande tolérance à l’alcool et aux drogues. J’étais reconnu pour pouvoir me coucher toujours le dernier et toujours être top shape le matin. Mais la chute allait tout de même arriver…Personne n’est à l’abri. Personne.
À 30 ans, dans un bas-fond énorme, j’ai perdu tous mes repères. Après deux detox et avoir perdu tous mes amis et ma famille par ma faute, je me suis retrouvé à la rue sans le sous, plus d’identité, avec un sac et le restant de mes biens personnels. Moi qui avais tout eu… Les trottoirs que je voulais éviter pour faire la ligne devant les clubs de Montréal afin de montrer comment j’étais V.I.P devenaient soudainement le seul endroit où je pouvais exister. Moi… Moi qui avais eu des opportunités en or, des bonnes jobs, un salaire plus haut que la moyenne. Moi qui regardais les gens de haut, je me retrouvais finalement dans un centre d’hébergement pour itinérants. La claque dans la face a fessé en masse.
Heureusement, j’ai eu la chance lors de mon court séjour dans la rue, de rencontrer des gens qui m’ont accueillis et qui m’ont aidé dans mon cheminement vers la sobriété et le processus de l’abstinence totale.
Quand on passe en detox, ce n’est pas comme aller au spa. On ne peut pas simplement s’asseoir sur la chaise, recevoir un traitement et puis voilà! J’avais réellement sous-estimé le travail que JE devais faire pour m’en sortir et que les outils qu’on me donnaient ne marchaient pas si je ne m’impliquais pas à fond dans mon rétablissement de ce trouble de dépendance. Heureusement, j’ai eu la chance lors de mon court séjour dans la rue, de rencontrer des gens qui m’ont accueillis et qui m’ont aidé dans mon cheminement vers la sobriété et le processus de l’abstinence totale. Mais j’ai aussi compris que c’était ma dernière chance car la prochaine chute me conduirait six pieds sous terre, à bout de ma souffrance.
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à écouter ce qu’on m’avait donné comme information sur l’abstinence et la sobriété. J’ai commencé à faire des choses différemment afin d’obtenir des résultats différents. J’ai enfin assumé mon rôle d’adulte et décidé de prendre mes responsabilités. J’ai fait face à mes peurs avec les outils qu’on m’a donnés et tranquillement, j’ai commencé à surmonter les obstacles autant externes que mes démons internes afin de bâtir une personne qui me plaisait, avec des valeurs et un sens moral.
J’ai découvert mes vraies valeurs humaines. J’ai trouvé mes qualités, j’ai défini mes défauts et j’ai accepté l’être humain que je suis dans l’amour et l’accueil de mes erreurs. J’ai retrouvé une confiance professionnelle et j’ai surtout appris à vivre des émotions a jeun, à froid comme on entend souvent. Que ces émotions soient positives et/ou négatives, la sobriété m’apprend à regarder, analyser et questionner mes états d’âmes face à une situation sans vouloir geler ce qui vibre à l’intérieur. C’est un mode de vie qui scrute notre intériorité, tel un nettoyage de disque dur sur un ordinateur combiné à un ‘anti-virus de l’âme qui empêche les cochonneries nocives du monde d’extérieur de nous polluer et nous permet de mieux gérer notre Être.
Je suis plein de gratitude car JAMAIS au grand JAMAIS, je n’aurais même pu imaginer, il y a sept ans, au plus bas fond de tous les bas fonds que la vie que je mène actuellement était atteignable.
C’est avec ces outils que je progresse maintenant le plus sainement possible, en croissance, dans la sobriété. Pas dans la perfection mais dans l’acceptation de chacun de mes bons coups et de mes travers. Je réalise maintenant que ce n’est pas aux yeux des autres qu’il faut être un V.I.P mais bien de se choisir comme V.I.P. pour soi d’abord.
Aujourd’hui, j’ai maintenant mon entreprise et je travaille à en fonder une deuxième. Je m’implique auprès de la communauté, j’ai une amoureuse et des amis en or, une famille avec qui j’ai renouée des liens de confiance et surtout, je me donne le traitement V.I.P à tous les jours de ma vie. Parce que je réalise que si je ne prends pas soin de ma sobriété, rien, absolument rien de tout ce que j’ai énuméré n’est possible…
En toute franchise, je me pince encore à tous les jours pour m’assurer que je suis pas juste dans un rêve… Je suis plein de gratitude car JAMAIS au grand JAMAIS, je n’aurais même pu imaginer, il y a sept ans, au plus bas fond de tous les bas fonds que la vie que je mène actuellement était atteignable. En regardant mon parcours, je me dis que finalement ça n’a pas été si dur que ça et bien sûr, loin d’être facile non plus. Il m’a suffit de BIEN VOULOIR FAIRE LE PREMIER PAS…Et ça, je suis persuadé que toi aussi, tu peux le faire, ce premier pas.