Témoignage par Gy Ba
J’ai frappé un mur, mon mur à moi. Je vaux plus que ça. Je ne veux plus me détruire. Je veux avoir une vie plus lumineuse et créative, à mon image. À l’image de la femme forte et vulnérable que je suis.
C’est le 9 février 2020 que je prends la décision de ne plus consommer d’alcool. Je choisi de traverser le reste de mes journées en toute sobriété. Un jour à la fois. J J’accepte que j’ai un problème de dépendance. J’ai donné trop de pouvoir à l’alcool et à ce petit bout de papier remplie de tabac. C’est assez, je reprends le contrôle de ma santé et je me libère de ces dépendances. Je prends conscience aussi de ma dépendance affective. En effet, une dépendance ne vient rarement seule. Par chance, je n’ai pas développé de problématique de toxicomanie ou de problèmes de jeux. Je suis excitée de me redécouvrir et de continuer mon chemin dans le respect de moi-même.
Je consomme depuis l’âge de 13 ans. L’alcool à pris une place variable à des intensités différentes selon les étapes de ma vie. Dans mon cas, ma consommation d’alcool a été trop souvent abusive et sournoise. Ce fut un long cheminement avant d’arriver à la décision que l’abstinence était la solution pour moi. Une grande délivrance. Je reprends mon souffle et mon estime et je prends un autre chemin. Je me dirige vers la liberté, l’Amour et l’épanouissement.
Je décide de prendre soins de moi, d’écouter mes besoins et accueillir mes émotions, dont mes peurs. J’apprends à m’aimer sincèrement pour qui je suis avec mes forces et mes défis. Je souhaite être à mon plein potentiel en tout temps. Je suis heureuse de choisir enfin de ne plus me mettre à risque de souffrir d’abus d’alcool. Je me protège et je me respecte avant tout.
J’accepte l’aide thérapeutique pour un cheminement vers la sobriété. J’écoute et je lis l’histoire d’autres gens qui ont un parcours qui peut ressembler au mien.
Je ne veux plus de réveils de honte, de pertes de mémoire, de pleurs, de brume, d’angoisse, de regrets, de perte d’estime, de mal du corps …Quel état mental souffrant et désagréable! Que de temps perdu dans ma vie à être en mode récupération ou encore en mode intoxication! Je n’oublierai jamais cette douleur à laquelle je dis maintenant : « Non » ! J’ai frappé un mur, mon mur à moi. Je vaux plus que ça. Je ne veux plus me détruire. Je veux avoir une vie plus lumineuse et créative, à mon image. À l’image de la femme forte et vulnérable que je suis.
Pour ce faire, j’accepte de soigner mes blessures. J’accepte d’être honnête envers moi et de m’accepter telle que je suis. J’accepte ma timidité, mon côté plus intellectuel et tout ce que je suis naturellement. J’accepte l’aide thérapeutique pour un cheminement vers la sobriété. J’écoute et je lis l’histoire d’autres gens qui ont un parcours qui peut ressembler au mien. Je ne suis pas la seule. Je réalise que des gens super brillants et inspirants ont dû prendre le chemin de la sobriété. (David Goudreault, Eliane Gagnon, Jean-Marie Lapointe, Etienne Boulay, etc ).
La première étape de rétablissement est de reconnaitre que nous avons cette maladie. C’est l’étape qui a été la plus difficile pour moi car j’ai toujours été relativement fonctionnelle.
Du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours voulu être aimée et j’ai toujours cherché à plaire et à être gentille. Maintenant, je ne souhaite qu’à Être moi-même. Je vais soigner mon amour propre pour être en mesure de mettre mes limites. Je mets maintenant mes limites face à l’alcool. Le fait de laisser tomber tranquillement mes mécanismes de défense et mon masque va me permettre d’apprendre à m’aimer davantage et de m’approprier réellement mes qualités. Pas les qualités que mes parents ou que la société souhaite que je possède mais les miennes.
La problématique de dépendance est incluse dans le large spectre des maladies mentales. C’est détaillé dans le DSM-5. L’alcoolisme est aussi considéré comme une maladie selon le mouvement des AA. C’est une maladie qui se guérit seulement par l’abstinence et le par le programme des douze étapes. La première étape de rétablissement est de reconnaitre que nous avons cette maladie. C’est l’étape qui a été la plus difficile pour moi car j’ai toujours été relativement fonctionnelle. En effet, l’alcoolique est souvent le dernier à réaliser sa maladie. Nos distorsions cognitives sont si fortes qu’on se convint nous- même que nous n’avons pas de problème par tous les moyens possibles.
Selon certains experts en problématique de dépendance, 80 % des gens qui souffre d’alcoolisme, sont des êtres exceptionnels qui sont d’une intensité leur permettant d’accomplir de grande chose dans la vie.
Donc, même si j’essaye fort de contrôler ma consommation, ça ne marche pas car mon circuit neurologique est défaillant. Une personne qui est alcoolique a des prédispositions génétiques. D’une certaine façon, ce n’est pas de ma faute et ce n’est pas une question de personnalité, de volonté ou d’effort.
Selon certains experts en problématique de dépendance, 80 % des gens qui souffre d’alcoolisme, sont des êtres exceptionnels qui sont d’une intensité leur permettant d’accomplir de grande chose dans la vie. J’adore ça! J’accepte mon intensité et je la canalise dans différents projets professionnels et passions personnelles.
Je suis un être hypodopaminergique, c’est-à-dire que j’ai une défaillance en ce qui a trait à l’hormone du plaisir : ça m’en prend toujours plus. Je ne peux me contenter d’une petite vie tranquille. Je ne peux me contenter d’un verre de vin ou deux, ce n’est pas assez! J’aime me rappeler ma condition quand mes pensées trompeuses me disent : « Ce serait bon, une bonne bouteille de vin pour accompagner le repas; ton moment serait plus agréable si tu consommais de l’alcool. » Ces énoncés ne sont pas valables pour moi.
Finalement, je constate énormément de bienfaits dans ma vie depuis mon choix du 9 février 2020. Dans tous les aspects de ma vie. Zéro point négatif. C’est faux de penser que la vie est plate sans alcool. Faut le vivre pour comprendre. Pour moi 2020, c’est une année de prise de conscience. Pour 2021, je me souhaite une année remplie d’aventures dans le respect de mes limites.
Et surtout, que cette paix intérieure, qui commence à m’habiter, poursuivre son chemin, et qu’elle me guide vers l’Amour.