Ça me fait ben rire quand on me dit que je suis intense. Non, « rire » est pas le mot juste. En écrivant le mot « rire » je me rends compte à quel point ça me fait pas « rire » pentoute. T’sais quand faut mettre des guillemets là. J’me suis fait dire toute ma vie que j’étais « trop intense », trop ci, trop ça. Trop. Comme si c’était pas normal d’être intense, comme si ça dérangeait. T’sais le sentiment de ne pas être normale parce que trop intense? C’est ça. Ça gosse. Mais ça finit par te rentrer dans tête. J’me demande ça dérange qui au fond? Les gens qui ont des opinions I guess, mais qui n’en a pas. J’en ai aussi des opinions mais elles ne sont clairement pas toujours bonnes à dire ou à entendre. Bref, moi j’ai l’droit de dire haut et fort que que j’suis ben intense et fière de l’être.
Moi-même, des fois, je me donnerais un break, des petites vacances parce que ça spin en crime un cerveau d’intense.
J’déplace de l’air. J’peux pas tenir en place plus que 8 minutes d’affilée. J’dérange du monde avec mes idées, mes prises de position ou mon mode de vie un peu différent. J’me permets de l’écrire ici parce qu’on me l’a dit ! Pour certains, j’ai souvent l’impression d’être un genre de bibitte qu’on sait pas trop d’où elle sort / on est crissement pas sûrs de vouloir s’y attacher. T’sais l’expression: « on s’attache à ces petites bêtes-là » ? Ben moi je me sens comme c’te petite bête-là sauf que je suis convaincue dans ma tête de bibitte que ce serait mieux que personne s’attache. Parce que oui, j’ai fini par croire que mon « trop intense » va certainement finir par gosser alors aussi bien ne pas faire exprès de vivre ce genre de malaise de « Ouf ouin, t’es intense, je suis pus sûr que…t’sais…hein. Ouin. Bye. À plussssss fille! » Ça sonne péjoratif mon discours mais ce l’est pas du tout. Bien au contraire. Mon point, mon opinion disons, c’est juste que j’ai compris que intense, c’est pas pour tout le monde. C’est ben cute de même, de loin, derrière une porte patio un peu sale, barrée, avec des jumelles mettons. Mais quand tu es « dedans » l’intensité, genre quand tu le vis ou que tu le fais vivre, ça peut devenir un peu moins…trippant mettons. Moi-même, des fois, je me donnerais un break, des petites vacances parce que ça spin en crime un cerveau d’intense. Je m’en sors pas, je suis 24 sur 24 avec moi, avec mes opinions sur toute pis sur rien.
C’est ma personnalité pis j’en ferai pas le deuil. Jamais.
Avec le temps, ce que je trouve vraiment beau (parce que même si tu penses que c’est un texte de dépréciation de l’intensité, en l’occurrence la mienne, et bien non, ça vire beau drette là!) C’est ça, l’affaire que je veux exprimer c’est que je commence vraiment à m’en crisser de ce que lui ou elle, l’amie du frère du voisin ou l’autre dude pense du fait que je sois fucking intense. Genre. Pas tous les jours, mais plus souvent qu’avant, j’pense moins au jugement des autres en général. C’est ma personnalité pis j’en ferai pas le deuil. Jamais. Si on va dans la psycho pop, je pourrais trouver plein de raisons de pourquoi j’suis d’même mais en réalité, on s’en fout. J’suis d’même pis c’est toute. Ça pis TDAH jamais médicamentée. Oui monsieur! Si y’a une affaire qui me gosse c’est ben les fucking prescriptions à outrance. Non, c’est pas nécessairement une pilule qui va régler mon mal, mon vide, mon déficit d’attention, mon hyperactivité, ma folie, mon anxiété. Non. Ça, j’en suis convaincue. Y’a la méditation. Ça m’aide beaucoup. C’est pas facile mais j’essaye. On s’entend que j’ai rien contre les gens qui prennent de la médication mais je sais que c’est pas pour moi. Je finirais par me trouver des excuses pour avoir une pilule pour toute à toute heure du jour. J’veux pas ça. Une personnalité ça se médicamente pas, un trouble peut-être. Mais je considère que j’ai pas un trouble, je considère que j’suis de nature intense, que j’ai pas de demi-mesure jamais pis que les chances que j’en aie un jour sont à peu près inexistante. Et c’est pour ça que je décide de jamais prendre mon premier verre, mon premier joint ou n’importe quelle patente à gosse qui pourrait me faire perdre mes tentatives d’équilibre. J’ai décidé que maintenant, ma drogue ce serait la créativité, les idées (toutes sortes pis des fois sont folles), les projets, les brainstormings pis tout plein de belles affaires qui peuvent rendre le monde meilleur au quotidien. C’est pas reposant mais en tout cas, ça fait de mal à personne.
La sobriété ou ce désir de vivre une vie équilibrée, loin de la surconsommation en général n’enlève rien au fait que je puisse vivre ma vie à 100 000 milles à l’heure, à tout ressentir à 9 sur l’échelle de Richter mais dans un espèce d’enrobage de calme et de paix d’être de même: une intense.
J’étais déchaînée dans mon drinking alors pas étonnant que j’le sois tout autant dans mon non-drinking que j’appelle aussi mon rétablissement, cette nouvelle vie remplie de surprises. Je veux aller ben, je veux m’aimer comme je suis parce que pour moi, c’est la base. J’ferai jamais le deuil de ma personnalité mais je fais le deuil de mon alcool, un jour à la fois, pour conserver ma santé mentale, physique et spirituelle. Les deuils ça prend du temps, t’sais. La patience. J’suis pas de nature patiente non plus. Surprise ! Mais je tente de l’être avec moi et les personnes que j’aime. Il y a des changements quand t’arrêtes de boire, genre des défauts qui s’adoucissent. Pas tous les défauts là. Anyway, ça prend des défauts sinon la vie serait beaucoup trop beige. Et beige n’égale pas intensité. Oh non! Est-ce que intensité égale automatiquement excès ? Ça vient un peu avec j’imagine.
Aujourd’hui, je sais que même si je suis une jeune femme intense qui a souvent débordé dans les abus de toutes sortes, je peux quand même devenir sobre. La sobriété ou ce désir de vivre une vie équilibrée, loin de la surconsommation en général n’enlève absolument rien au fait que je puisse vivre ma vie à 100 000 milles à l’heure, à tout ressentir à 9 sur l’échelle de Richter mais dans un espèce d’enrobage de calme et de paix d’être de même: une intense. Parce que l’intensité c’est beau. Peu importe la nature de chacun, le deuil d’une personnalité ça n’a pas raison d’être. Jamais.
Pour finir sur une maudite belle note, j’veux dire merci à tous les intenses de ce monde.
Eliane