Témoignage anonyme
J’étais un garçon aimant, généreux, sensible, studieux qui avait toutes les chances de s’accomplir.
Étant jeune, rien ne laissait présager, qu’un jour, je perdrais complètement et entièrement le contrôle de ma vie aux mains de sa majesté l’alcool et de ses acolytes, la cocaïne et l’amphétamine. J’étais un garçon aimant, généreux, sensible, studieux qui avait toutes les chances de s’accomplir. Puis, vint une blessure d’abandon, une de rejet et une autre d’injustice qui ont eu comme effet de forger en moi des mécanismes de défense, des peurs profondes et surtout, un égo qui s’éleva de plus en plus. Le mal de vivre s’imprégna en moi. À l’âge de 10 ans, j’étais encore très loin d’être en mesure d’exprimer et d’associer des mots sur ce que je ressentais à l’intérieur de moi.
Ma rencontre avec l’alcool a été ressentie comme une délivrance de mes peurs qui me paralysaient depuis si longtemps. Pendant un court instant, je me sentais délivré, supérieur, sans peur…invincible. RIEN, absolument rien ne pouvait m’atteindre! Cependant, j’ai rapidement constaté que je ne consommais pas comme les autres. Ce n’était jamais assez, jamais assez long, jamais assez intense, jamais assez spectaculaire. Déjà à ce moment, j’étais très sérieusement atteint de l’alcoolisme. Je ne pourrai jamais oublier cette première gorgée de bière et l’effet instantané quelle produisit en moi.
Surprise! La maladie de l’alcoolisme et de la dépendance ne quitte JAMAIS l’être humain atteint.
Puis vint l’étape de la fin du secondaire et le début de ma vie de jeune adulte. J’avais décidé de quitter l’école, de changer de groupe d’amis et de peaufiner ma capacité à faire le PARTY. Je suis devenu ce qu’on appelle un ‘’party animal’’ et j’étais disons…plutôt doué. Plus les party et les soirées passaient plus il y avait de cocaïne et de speed, plus le mal de vivre grandissait en moi.
Un premier bas fond à 23 ans…Couché sur le plancher du salon dans mon 3 ½, les fenêtres complètement obstruées avec des couvertures noires, l’esprit en psychose. Aucune lumière et malheureusement aucun espoir. En contrepartie, mon égo lui, avait pris de l’ampleur et je me relevai. Nouvelle femme, nouvelle ville, nouvel emploi; j’étais convaincu que cette noirceur et cette envie de mourir profonde était derrière moi.
Surprise! La maladie de l’alcoolisme et de la dépendance ne quitte JAMAIS l’être humain atteint. J’étais un alcoolique qui ne buvait pas à sa soif…Cette soif qui m’habitait, m’obsédait, me contrôlait. Oui, de l’extérieur, j’avais tout pour être heureux face aux autres. Une femme aimante et présente, une carrière en pleine ascension, une magnifique petite maison de banlieue et une incroyable et merveilleuse petite fille. J’étais toutefois incapable de contrôler ma soif démesurée de consommer. Ce fut donc, après plusieurs années d’alcoolisme sur les freins que tout bascula.
J’étais malhonnête, menteur, manipulateur, voleur et j’ai gravement blessé tous mes proches.
À la suite de ma séparation, j’ai complètement laissé libre court à mon alcoolisme et il prit entièrement le contrôle de mon être. Il s’en suivit une descente au plus profond des abîmes, de la noirceur et de la mort. J’étais incapable de vivre et incapable de mourir, tout ce qui comptait était de geler ce vide intérieur, ce mal de l’âme inexplicable. J’ai donc consommé jusqu’à ce que mon corps soit repoussé à ses limites et plus loin encore. J’étais malhonnête, menteur, manipulateur, voleur et j’ai gravement blessé tous mes proches. Lorsque je prenais ma première gorgée ou première ligne, la première chose à tomber était mes valeurs, puis lorsque je “désaoulais” et que je jetais un regard en arrière, le ravage que j’avais causé me déchirais le cœur et l’âme.
Finalement, deux hospitalisations graves dues à de la surconsommation et la faillite totale et complète de ma vie ont finalement créé une brèche dans mon égo et la lumière a réussi à pénétrer en moi. Mon armure commença à tomber et j’ai réussi à demander de l’aide. À partir de ce moment précis, le 10 janvier 2017, j’ai cru que c’était possible de m’en sortir et je suis allé en thérapie. J’avais finalement abdiqué et cessé de combattre. J’ai laissé tomber les armes et accepté l’aide qu’on m’a offert. Je n’avais plus d’estime, plus confiance en moi, la culpabilité m’étouffait, puis tranquillement, en suivant les conseils des intervenants, des membres de fraternités, j’ai recommencé à respirer, à me libérer de mon passé. Le chemin que j’ai emprunté fut complètement à l’opposé de ce que j’avais répété pendant des années, ça donc eu l’effet de créer des résultats différents. J’étais finalement prêt à accepter un nouveau mode de vie, d’être en mesure de me regarder droit dans les yeux et d’être complètement honnête envers moi-même.
J’ai décidé d’appliquer autant d’effort dans mon rétablissement que j’en avait déployé en sabotant ma vie en consommant.
Aujourd’hui, je décide de vivre quotidiennement selon ces nouveaux principes en mettant ma spiritualité au premier plan. J’ai décidé d’appliquer autant d’effort dans mon rétablissement que j’en avait déployé en sabotant ma vie en consommant. Tous les jours, je suis témoin des dividendes de mon rétablissement et j’aspire à grandir, à cheminer, à devenir une meilleure version de moi-même et ce, à chaque matin en ouvrant les yeux.
Je peux finalement dire avec sincérité que, un jour à la fois, je suis plus libre, plus heureux et plus joyeux. Je serai éternellement reconnaissant envers ceux qui ont cru en moi et qui m’ont tendu la main lorsque j’étais complétement brisé afin que je puisse renaître des abîmes et redevenir un homme respectable, un homme avec une conscience en paix, un homme heureux…quelqu’un pour quelqu’un. Jamais je n’aurai même imaginé que je serais en mesure de vivre sans consommer et pourtant, deux ans plus tard, je suis toujours abstinent de toutes substances qui altèrent le comportement. Je me nourri de spiritualité, d’amour, d’altruisme, d’écoute, de partage, d’échange, de prière, de sincérité, de liberté, de miracles et de gratitude.
Vivre sobre c’est plus que possible, vivre en paix avec son passé c’est aussi possible.
Tu mérites de t’en sortir toi aussi…je crois en toi, n’hésites pas et tend ta main en quête d’aide.
Un alcoolique toxicomane en rétablissement