150 jours de sobriété plus tard…

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Témoignage anonyme 

Mon premier constat donc, c’est que la sobriété ne doit pas être un pénible et tortueux combat interminable contre un monstre vicieux et sournois.

Me voilà à 150 jours de sobriété. J’en suis le premier étonné. Et le premier à en bénéficier. Ça faisait au moins 30 ans que j’avais connu ça.

Quelques constats s’imposent et j’ai le goût de les partager. Parce que l’écriture me permet de me délester. Déposer une partie de tout ça hors de moi et gagner en légèreté. 

Écrire aussi parce que le langage construit la réalité, comme disait l’autre. Comment reconsommer quand on décline sa sobriété ? En plus, hasard ou pas, je suis tombé sur cette phrase de Marguerite Duras ce matin : Si je n’avais pas écrit, je serais devenue une incurable de l’alcool.”

Anyway. 

Mon premier constat donc, c’est que la sobriété ne doit pas être un pénible et tortueux combat interminable contre un monstre vicieux et sournois. Cette façon de penser donne beaucoup trop de pouvoir à la consommation. Nous pouvons recadrer cette croyance; la percevoir différemment.

J’ai choisi de voir la sobriété comme la matérialisation d’un tatouage. On trouve ça chouette sur les autres et on en rêve secrètement avec une pointe d’envie.

Comme disait Stan, dans mon livre à moi la sobriété est avant tout un choix. Comme tous les choix, ça demande un engagement et – par définition – certains sacrifices. Pas de quoi appeler sa mère. La mienne n’est d’ailleurs plus de ce monde par trop de consommation, justement. Mais bon.

J’ai choisi de voir la sobriété comme la matérialisation d’un tatouage. On trouve ça chouette sur les autres et on en rêve secrètement avec une pointe d’envie. Bien sûr que ça fait un peu peur avant et que c’est déstabilisant pendant le processus. Mais cette souffrance a besoin d’exister; elle a besoin d’être savourée pour ancrer pleinement notre rite de passage.

Au bout d’un certain temps, on se souviendra vaguement de la douleur, mais la fierté éprouvée primera. L’alchimie du rituel initiatique aura opérée et la transition souhaitée sera entamée. Nul doute que cette fierté serait moindre sans la douleur. Et puis sans douleur, ce serait un tatouage au henné. Impermanent, superficiel. Clairement moins durable. Moins viscéral, moins habité. J’ai besoin d’habiter ma sobriété, de l’aménager à mon goût pour m’y sentir bien, pour l’apprécier et en être fier.

Souffrir donc, mais pas se décomposer non plus. C’est un tatouage, pas une amputation. Retrouver l’équilibre dans la souffrance, c’est aussi ça la sobriété.

Bon aller, je retourne à Marguerite Duras.