Texte par Père Félix Roberge – Prêtre catholique depuis 2011, l’auteur a 32 ans. Il vous invite à une messe-concert de minuit à l’église Saint-Stanislas-de-Kostka sur le boulevard Saint-Joseph à Montréal, ce soir à 23h55.
J’ai déjà entendu dire que « Dieu aime l’ordre ». Mais aurait-il peur du désordre ?
Croyez-moi. Lorsque tu es un jeune prêtre qui porte le col romain, les gens que tu rencontres ne se gênent habituellement pas pour te poser des questions et te mettre au défi. Certains en seraient offusqués. Je me réjouis quant à moi du dialogue qui vient de s’initier. Une fois que l’on se rend compte de l’ouverture chez l’autre, c’est souvent sur les peines et difficultés de la vie que l’échange se poursuit.
Tandis que certains se préparent à Noël en illuminant leur maison, en décorant leur sapin, en magasinant les plus beaux cadeaux, en sortant son fameux chandail qui fait rire, en cuisinant des plats qui sentent bon, ils ont le sourire, sont heureux et ont bien raison de l’être. Mais il arrive que d’autres semblent plutôt tristes, car Noël rime parfois avec solitude. Comme nous nous trouvons à quelques jours de la nouvelle année, c’est déjà le temps pour plusieurs de faire une rétrospective. En revisitant 2017 qui se termine bientôt, on peut rencontrer des blessures, de la tristesse, de l’isolement, la perte d’un emploi, un engagement qui n’a pas été tenu, un rêve brisé, un départ inattendu. Du désordre, quoi !
J’ai déjà entendu dire que « Dieu aime l’ordre ». Mais aurait-il peur du désordre ? C’est comme si l’on disait que, quand on est tout mélangés, que rien ne va plus, Dieu n’est pas avec nous. En cette veille de Noël, j’ai un secret pour vous. L’Enfant-Jésus dont nous célébrons ce soir la naissance n’a pas peur de notre désordre. Il est d’ailleurs celui que nous retrouvons 30 ans plus tard dans un village de Galilée appelé Capharnaüm pour y proclamer la Bonne Nouvelle et guérir des malades (Mc 1-2). En me rappelant ce que ma mère me disait souvent : « Ta chambre est un vrai capharnaüm ! », je déduis que Jésus désire visiter ces lieux intérieurs, que nous cherchons parfois à cacher du regard des autres, par peur de déplaire ou d’être jugés. C’est d’ailleurs là où tout est en désordre, mélangé, là où y’a tout un ramdam dans nos vies, que Dieu veut se faire présent.
En cette période des fêtes de Noël, on est peut-être invités à être davantage à l’écoute du désordre chez les gens qui nous entourent.
L’Enfant de Bethléem aurait bien pu naître dans un hôtel cinq étoiles, au sein d’une famille bien nantie, car il est Dieu. Mais il en a décidé autrement. Il a voulu venir au monde dans une crèche, où il faisait froid et noir, où il manquait du nécessaire. C’est dans la noirceur que Dieu s’est fait homme pour pouvoir donner à celui qui le veut la lumière et l’espoir, car il est le Sauveur de monde. C’est d’ailleurs dans nos chagrins et nos joies, nos mauvais coups comme nos bons, que Dieu veut se faire présent cette année.
Il m’arrive à moi aussi, même si je suis prêtre, d’avoir des doutes et des tristesses. Je mets ma foi en cet enfant à naître, car je sais qu’il peut m’apporter l’espérance, la paix, la joie et l’amour. L’Enfant-Jésus est le Sauveur, le mien, le vôtre. En cette période des fêtes de Noël, on est peut-être invités à être davantage à l’écoute du désordre chez les gens qui nous entourent. Il peut parfois arriver qu’on ait besoin d’aide à faire ce qu’on n’arrive pas à faire tout seul. À ouvrir notre cœur et à entendre cette petite voix, celle de celui qui n’a pas peur de notre capharnaüm, celui qui vit à l’intérieur de nous, avec qui on n’est jamais seul, et qui veut être la source de notre joie : « Il est né le divin Enfant, Jouez hautbois, résonnez musettes ! » Joyeux Noël et Sainte Année 2018 ! Que Dieu vous bénisse.