Texte par Alexandra Loiselle-Goulet
Je t’avoue que j’ai longtemps mis ma tête dans le sable pour ne pas voir qui j’étais.
J’ai un trouble de la personnalité imite accompagné d’un trouble d’anxiété généralisée. Imagines-tu ce que je ressens à l’intérieur ? C’est l’explosion, littéralement. Je suis un volcan. Mes émotions rejaillissent à n’importe quel instant. Et crois-moi, ce n’est pas toujours dans un moment propice. Je peux être dans l’autobus, à l’épicerie, dans un magasin ou même devant le professeur de ma fille lorsque je panique, je panique solide. J’ai pas toujours été comme ça, avant je gelais ces sentiments.
J’ai gelé mes émotions par l’alcool
J’ai toujours pris de l’alcool socialement. Jusque-là, pas de problème me diras-tu. Mais lorsque c’est rendu que tu as hâte de te rendre dans des événements, car il y aura du vin ? Que tu ne te sens pas optimal dans ton réseautage si tu n’as pas un verre à la main ? Que la boule que tu ressens en dedans te quitte seulement après une bonne bouteille de rouge ? Tu as un problème.Je t’avoue que j’ai longtemps mis ma tête dans le sable pour ne pas voir qui j’étais.
Ben voyons ! C’est rien ! Je ne bois pas toute seule chez nous. Je n’ai pas BESOIN de ce verre, je suis juste une fan de vin…
Oui, j’en ai eu besoin, car sans lui, j’étais moins, disons sociable. Ce verre m’enlevait la peur. La peur d’être inadéquate, la peur d’être ridicule, la peur tout simplement. Pis, quand il descendait dans ma gorge, instantanément, je me sentais mieux. Je redevenais moi-même, la fille intelligente qui croit en elle parce que l’anxiété pour un moment, elle avait disparu.
Je ne suis pas toujours fière de mes soirées arrosées. Avant ma thérapie intensive, mon TPL (trouble de la personnalité limite) n’était pas contrôlé. L’alcool m’a poussé à faire des trucs pour me faire aimer. Ce dont je ne suis pas toujours fière ! J’étais exubérante et je devais me faire remarquer. À y penser aujourd’hui, j’ai encore une boule au ventre.
Ma thérapie salvatrice
Je suis encore là parce que quelque chose m’a retenue. J’ai capté ce signe et je suis allée en thérapie.
Un jour, j’en ai eu mon truck. Mon voyage de ce mode de vie, de ma façon d’être, de moi. Je voulais disparaître. La douleur quotidienne était si vive que c’est la seule fois de ma vie où je n’ai pas ressenti la peur. La mort me chuchotait des mots doux dans l’oreille.
Viens-t’en ! Personne ne te pleurera, tu le sais bien. Pense à toi…
Je suis encore présente aujourd’hui, pour t’écrire ces lignes. Je suis encore là parce que quelque chose m’a retenue. J’ai capté ce signe et je suis allée en thérapie. Je me devais bien ça non ? Est-ce que je prends encore de l’alcool aujourd’hui ? Oui. Par contre, dans mon cas, je suis maintenant raisonnable. Pourquoi ? Parce que le réel problème que j’essayais de geler, je l’ai tranquillement réglé. Maintenant, je sais que je vaux quelque chose et que la personne que je suis a beaucoup à apporter. Aujourd’hui, avec la fille et son anxiété, je redonne au suivant. Ma mission ? Faire tomber les tabous entourant la santé mentale. Ensemble, nous réussirons.