Depuis quelque temps, plusieurs personnes écrivent régulièrement sur la page Facebook Soberlab et demandent : « Comment je fais pour savoir si je suis alcoolique ? » Un très bonne question qui indique 2 choses. D’abord, que Soberlab a un réel impact positif puisque les gens se questionnent sur leur consommation (objectif numéro 1 accompli! ) Un questionnement peut mener à une prise de conscience et qui sait sur quelle merveille celle-ci peut ouvrir… Ensuite, ça me dit qu’en parlant de la problématique, de plus en plus de gens peuvent se reconnaître, s’identifier et peut-être même mettre le doigt sur ce qui ne va pas, qui fait mal ou qui dérange dans le mode de vie. Évidemment, je peux seulement parler de mon expérience et qui sait, si ça fera écho dans le cœur de quelqu’un qui souffre, qui a besoin d’un peu de lumière ou qui ne fait que se demander comment on fait pour savoir…
Anyway, je me disais que je n’étais pas si pire que ça, que je pouvais l’contrôler une fois sur dix mon alcool, que j’étais trop intelligente pour être une alcoolique.
Au risque de me répéter, pas parce que j’ai trop bu mais plutôt parce que j’ai déjà écrit sur le sujet, j’ai décidé de répondre à la question dans ce petit billet. Chacun vit les choses différemment, mais dans mon cas, je savais pas trop ce qui n’allait pas chez moi pendant longtemps. J’ai fait beaucoup de déni face à ma consommation d’alcool et autres substances qui altéraient mon comportement ou ma réalité, carrément. Je normalisais voire banalisais cette (sur) consommation parce que dans mon entourage, y’avait beaucoup d’abus, on dépassait la limite souvent. Trop souvent. Comme je n’avais pas tout perdu (à part ma dignité à quelques reprises) Okay, c’est trash mais vrai et moi la vérité, ça m’importe maintenant. Anyway, je me disais que je n’étais pas si pire que ça, que je pouvais l’contrôler une fois sur dix mon alcool, que j’étais trop intelligente pour être une alcoolique. L’intelligence, t’sais. Rien à voir. Mais je savais pas, j’avais qu’un seul mode de vie connu : la dérape. J’avais des périodes sèches, c’est-à-dire des périodes sans consommer d’alcool (je fumais des joints à la place !) où je m’enfermais à la maison pendant plusieurs jours pour ne pas être confrontée à la consommation d’autres êtres humains. C’était pas la joie mais j’étais pas prête à admettre que j’avais un réel problème d’alcool. Je me négociais des raisons pour boire et j’essayais des tactiques du genre : plus boire de fort parce que c’était juste le gin le problème, ça me faisait pas pentoute que je me disais.
J’ai décidé de faire une thérapie pis de crisser une volée à mon ego qui me faisait penser que moi, mon problème d’alcool était moins pire que les autres parce que j’avais pas tout perdu.
J’étais lucide par moment et j’ai commencé à vraiment réaliser que je dépassais les bornes trop souvent, que je mettais la vie de gens en danger (et la mienne !) et que je manquais de respect envers moi-même et les autres. L’amour propre était pas trop à la mode non plus, je connaissais pas ça. J’avais des comportements que je qualifie aujourd’hui de destructeurs et extrêmement néfastes pour la vie et la santé mentale en général. Je suis pas une experte moi, je suis juste une personne qui a décidé de s’en sortir, une personne qui a choisi la lumière au lieu de la noirceur et de la souffrance des lendemains de veille. Oui, je suis atteint de l’alcoolisme et la solution que j’ai trouvée c’est de m’entourer de personnes qui ont la même maladie que moi, d’ouvrir mon cœur à des gens qui savent ce que je vis et qui peuvent me conseiller, me guider vers une vie remplie de douceur et d’équilibre. J’ai décidé de faire une thérapie pis de crisser une volée à mon ego qui me faisait penser que moi, mon problème d’alcool était moins pire que les autres parce que j’avais pas tout perdu. Mon problème d’alcool est aussi pire que celui de la personne qui a tout perdu sauf que moi je décide d’arrêter la progression de la maladie en ne consommant pas, un jour à la fois. Je choisis de lâcher les rennes pis de faire confiance que y’a quelque chose de mieux qui m’attend en restant sobre.
Mais quand l’alcool rend ta vie difficile, c’est un bon indicateur que la maladie travaille fort dans les coins pour se tailler une place, pour s’incruster ou qu’elle est déjà bien logée au chaud depuis longtemps, comme dans mon cas.
Mais comment je fais pour savoir ? Tu l’sais. Il y a juste un alcoolique qui peut savoir s’il en est un. C’est pas évident de faire de l’introspection, personne a envie de changer, le connu c’est le confort malgré la souffrance. Un alcoolique c’est une personne qui souvent, est prête à tout pour se faire aimer, extrêmement sensible et égocentrique à la fois. Une personne qui s’isole, qui ne réussit pas à tenir ses engagements parce qu’elle a trop bu ou incapable d’entrer en relation fonctionnelle. Un alcoolique ça peut être n’importe qui. Ben non, y’a personne au monde qui souhaite être atteint de cette maladie-là. C’est poche de pas savoir boire, c’est poche être celui qui gâche tout le temps l’party. Mais savoir boire, tant qu’à moi, c’est une expression qui est vraiment galvaudée. Si tu es alcoolique, tu as ben beau essayer de te faire accroire qu’un jour tu seras capable de prendre la petite coupe de vin cute au souper mais un alcoolique qui touche son premier verre n’a plus de contrôle, c’est l’alcool qui prend les décisions. Il se demande s’il y aura assez d’alcool pour toute la soirée sans trop se soucier de comment il va rentrer à la maison, il va suivre le courant pis prendre son char ben chaud si y’a pas le choix. Il pensera pas aux conséquences, il va défier la vie juste parce que lui, y’est différent, y’est intouchable. Un alcoolique peut savoir qu’il l’est en remarquant s’il est toujours en train de fuir la réalité d’une quelconque façon, de se geler dans plein d’affaires. L’alcoolisme c’est une maladie qui implique une dépendance à l’alcool certes, mais ça englobe tellement d’autres comportements. La solution que l’alcoolique trouve pour toutes ses souffrances, c’est de boire. L’alcool c’est comme un plaster, ça fait la job mais juste pendant un temps. Le bobo est pas vraiment réglé. Quand l’alcool rend ta vie difficile, c’est un bon indicateur que la maladie travaille fort dans les coins pour se tailler une place, pour s’incruster ou qu’elle est déjà bien logée au chaud depuis longtemps, comme dans mon cas.
Personne n’est intouchable. Mais tout le monde peut se relever. Y’a pas de honte à se relever. Y’a pas de honte à demander de l’aide.
C’est inimaginable ce qu’une simple décision peut changer dans le cours d’un destin. J’aurais dû être morte dans un accident d’auto. Mais non, c’était pas le plan ça l’air! J’ai entamé le processus de rétablissement d’une criss de maladie qui peut faire des ravages incroyables si…si on fait rien. Pendant tellement d’années je me suis demandée, comment je fais pour savoir. Je me serais sauvée ben du trouble si j’avais arrêté plus tôt, mais c’était pas mon chemin. Mon heure est arrivée à 30 ans. J’me dis que c’est un bel âge pour commencer un nouveau cycle, une nouvelle vie. Y’avait une partie de moi qui savait que c’était mon premier verre qui déclenchait toujours « la marde » mais je le prenais pareil. Je me disais que ça allait être différent cette fois-là. Je me suis répétée la même affaire pendant 15 ans. C’est jamais différent, une brosse c’est une brosse pis ça ne va jamais en s’améliorant. La souffrance des lendemains devient insupportable, si y’a un lendemain. L’alcoolisme c’est une maladie qui progresse. Elle est mortelle et incurable. Mais c’est possible de s’en rétablir (pas guérir!) grâce à différentes approches et programmes.
Personne n’est intouchable. Mais tout le monde peut se relever. Y’a pas de honte à se relever. Y’a pas de honte à demander de l’aide. Ça commence par une prise de conscience. Y’a des tonnes de ressources qui existent, de l’aide accessible et gratuite pour celui ou celle qui veut s’en sortir, celui qui se questionne, celui qui souffre. Il s’agit de prendre une décision et de la reprendre, jour après jour. Cette décision-là, elle change le cours de l’existence.
Toi, belle personne qui a pris le temps d’écrire pour demander comment on fait pour savoir, je finis ça en te disant que si tu te demandes si tu es alcoolique, c’est un bon signe.
Pour faire le test pour savoir si tu es alcoolique :
http://www.alcooliques-anonymes.fr/aa-est-il-pour-vous/