Texte par Gabrielle Duchesne
Parce que on a deux choix: celui de régler nos problèmes à leur source, ou bien de continuer à les éviter en s’enfonçant dans l’alcoolisme sournois et de feeler misérable sans trop savoir pourquoi, jour après jour après jour.
JE L’AI FAITE GUYS. Je célèbre 100 jours sans boire aujourd’hui! Ceux qui me connaissent savent que j’ai relevé un des méchants défis de ma vie, sans doute le plus important à date!
Pour quelqu’un qui s’est appuyé sur l’alcool toute sa vie pour (je le croyais) faciliter les situations sociales, “arrêter de boire”, c’est loin d’être juste quelque chose que tu “arrêtes”. Non, “arrêter de boire” c’est un travail sur soi, je vous parle pas d’une p’tite job de moumoune là, nenon. J’vous parle d’un travail constant sur soi, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, non. Fucking. Stop.
C’est du gros démêlage de patterns emmêlés en soi depuis toujours qu’on a enfouis un peu plus loin dans son inconscient à chaque beuverie, repoussant chaque fois à plus tard le moment inévitable où il faudrait dealer avec ses issues. “Inévitable”, c’est dans le meilleur des cas. Parce que on a deux choix: celui de régler nos problèmes à leur source, ou bien de continuer à les éviter en s’enfonçant dans l’alcoolisme sournois et de feeler misérable sans trop savoir pourquoi, jour après jour après jour. Dans mon cas à moi, boire était juste l’expression la plus extrême de ma procrastination émotive.
So ouin. Le 4 juin j’ai décidé que j’arrêtais de boire, pis j’ai perdu toutes mes repères. J’ai passé les 75 jours qui ont suivi à me mettre dans le même genre de situations dans lesquelles je me mettais dans le temps que je buvais – partys random, dates avec des bizarres, voyage à Toronto en pouce avec un Tinder stranger, ce genre de choses – bin à jeun sauf, pis à chaque fois trouver ça soit fucking plate, fucking malaisant ou bien fucking décevant. C’est facile avoir du fun quand tu bois. Tout le monde il est beau, pis tout le monde il est intéressant quand tu bois. Pis toi, t’es on top of the world même si tu déparles pis tu titubes pis tu perçois pas les signes que les autres t’envoient quand tu dépasses les bornes, même si tu les vois en double.
Pis un m’ment donné, après 75 jours d’ennui, de malaise, de démêlages et de confusion, bin y’a comme eu un déclic. La vie m’a envoyé le morceau de puzzle qui me manquait, pis toute s’est placé tu seul. Pis vite.
Quand t’arrêtes de boire pis que t’as pu de fun, tu peux pas vraiment faire autrement que de chercher à comprendre. Parce que l’alternative, c’est d’abandonner. Après 15 ans à abandonner, bin la Gabrielle était prête pour un changement, fait qu’a l’a passé les 100 derniers jours à se virer sens dessus dessous, à s’analyser, à essayer de comprendre le pourquoi du comment de ses agissements, le dessous du dedans de ses patterns, à vivre le profond de ses émotions, de TOUTES ses émotions, à trouver ça fucking tough, à se trouver fucking plate, à se varger dessus mentalement, à maudire la maudite boisson pis la médiocrité de la vie, à vouloir prendre JUSTE UN VERRE, à se questionner, à s’analyser encore plus, à comprendre, à se retrousser les manches, pis à se convaincre de toffer jusqu’à demain. Pis à continuer.
Pis un m’ment donné, après 75 jours d’ennui, de malaise, de démêlages et de confusion, bin y’a comme eu un déclic. La vie m’a envoyé le morceau de puzzle qui me manquait, pis toute s’est placé tu seul. Pis vite. C’est comme si tout le travail que j’avais faite à l’aveuglette pendant les onze premières semaines, tous les changements plus ou moins inspirés, le bottage de cul pour aller au gym à toutes les semaines pis essayer de prendre ma santé en main sans grande conviction, le sortage de ma zone de confort à contre-coeur, le socialisage pis le datage qui aurait pas pu être plus à jeun si j’avais voulu, tout ça combiné avec le travail sur moi que j’avais faite à pas de tortue, dans le noir et dans la souffrance avait enfin porté fruits d’une shot. D’UNE SHOT. Pis toute a débloqué.
…j’ai trouvé mon purpose. Ceux qui me connaissent savent combien ces mots signifient pour moi. Ça fait juste trente ans que je cherche la réponse à cette question, pis ça aura pris 79 jours sans alcool pour y répondre.
Fast forward une vingtaine de jours plus tard, j’ai une newfound motivation pour le gym, j’ai coupé la viande de mon alimentation et drastiquement diminué ma consommation de sucre raffiné, je fais du ménage pis du classage pour passer l’temps (I know, je suis la première à être surprise), j’ai organisé mon horaire pis mon budget, j’ai organisé les folders où j’ai mon horaire pis mon budget, toute mon linge est classé par couleurs, je médite (oui, oui), pis sans doute la chose la plus significative pour moi et fort probablement à la source de toute: j’ai trouvé mon purpose. Ceux qui me connaissent savent combien ces mots signifient pour moi. Ça fait juste trente ans que je cherche la réponse à cette question, pis ça aura pris 79 jours sans alcool pour y répondre.
La clarté! ????????????
La clarté, mes amis, est le plus beau cadeau que je me suis jamais offert. Non, l’alcool ne me manque pas. Mon seul regret en fait est de ne pas avoir arrêté de boire plus tôt. Il faut croire j’étais pas prête, mais c’est correct parce que là je le suis pis je me sens on top of the world. Pis pour de vrai là, pas pour de drunk.
Here’s to a hundred more! Ah pis fuck it, dream big! Here’s to never touching a drink again and never looking back. Santé!