Des premières Fêtes sobres et joyeuses en rétablissement

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Par Dany Jean

Neuf mois après avoir entamé mon rétablissement, j’ai franchi une étape majeure en célébrant mon premier temps des Fêtes, sobres. C’était pour moi un grand défi à relever, celui de célébrer sans l’influence de substances. Je devais déconstruire des schémas de pensée profondément ancrés. Entre autres, réapprendre à avoir du plaisir sans consommer. J’avais passé plus de 13 ans de ma vie à croire que l’alcool était essentiel à mon bien-être. Je ne pouvais pas socialiser et avoir du plaisir sans ce poison. Elle me permettait d’apaiser mon stress, mon anxiété et me donnait une fausse impression de confiance en moi. Mes premières Fêtes sobres et joyeuses marquent une victoire significative dans mon rétablissement.

Appréhensions et inquiétudes

 

À l’approche du temps des Fêtes, j’étais submergé par les appréhensions et les inquiétudes. C’était normal, puisque c’était une première. Plusieurs questions me traversaient l’esprit. Comment j’allais me sentir en voyant les gens boire? Comment j’allais vivre ces moments festifs sans ma substance de choix? L’idée d’affronter ces événements m’embarrassait. Je devais me préparer pour affronter cette période difficile. J’avais déjà entendu, venant d’un autre dépendant, de ne pas recevoir chez soi à sa première année de rétablissement. Pour la simple et bonne raison que si j’avais à vivre un inconfort en présence de l’alcool, je pourrais simplement retourner chez moi sans créer de situation délicate.

À quelques jours des Fêtes, je n’avais pas communiqué mon plan, mes intentions et mes limites à mon entourage. En fait, je n’avais jamais vraiment parlé de mon cheminement à ma belle famille. De mon côté, je vivais un malaise en raison des « non dits ». Peut-être en avaient-ils de leur côté également? Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien penser? Oui, je peux me faire beaucoup de soucis par rapport à ce que les gens peuvent penser. J’étais effrayé à l’idée d’être confronté à mes anciennes habitudes de consommation parmi lesquelles je n’avais pas envie de me retrouver. 

Une planification nécessaire

 

Finalement, j’ai mis mes limites auprès de ma conjointe ainsi qu’aux membres de notre famille avec qui je croyais qu’il était préférable de le faire. Dans le but de favoriser une meilleure compréhension de mon cheminement, pour dénouer tout malaise possible,  j’ai fait le choix de parler à mon entourage de ma situation et de mes sentiments par rapport aux rencontres des Fêtes prévues. Pour moi, c’était clair que si je me retrouvais dans une situation dans laquelle j’allais me sentir moins bien, je devrais simplement quitter plus tôt. De toute façon, j’avais prévu quitter les soirées plus tôt puisque la fatigue est mon ennemie numéro 1. Les Fêtes ou pas, je dois garder une certaine rigueur et discipline quant à mes saines habitudes de vie pour préserver une bonne santé mentale. Pour moi, c’est important de garder une constance et un équilibre dans tout ce que j’entreprends dans mon rétablissement. Par conséquent, j’ai eu, de leur part, un retour positif, de compréhension et de compassion envers ce que je vivais et ça m’a rassuré en grande partie. 

Parmi les soirées que j’avais de prévues, je savais que j’allais souper tard. Lorsque je me retrouve dans l’attente de manger, je peux avoir envie de boire. Par conséquent, j’ai prévu de souper avant d’arriver. Dans mon actif, je patientais les repas en buvant plusieurs verres. Maintenant, je dois me tenir l’esprit occupé à faire autre chose, par exemple à m’amuser avec les enfants, à faire la vaisselle, à cuisiner, etc. Ici, je dois reconstruire un schéma de pensée, celui de ne pas avoir besoin d’alcool pour déguster un bon repas et avoir du plaisir avec les gens que j’aime. 

Étrangement, l’un des premiers constats que j’ai faits est que la majorité des gens de mon entourage consomme de l’alcool beaucoup plus modérément que je ne le croyais. En d’autres mots, les gens autour de moi ne consomment pas aussi excessivement que je ne le croyais. Il n’y avait que moi qui étais dans des états d’ivresse exagérés. L’alcool n’était pas au cœur de la soirée comme je l’avais anticipé.

Amour et gratitude

 

C’était la première année où mon garçon avait pleinement conscience du temps des Fêtes. C’était exceptionnel de lui faire vivre la magie de Noël. J’ai fait plusieurs activités thématiques en famille. De nombreuses traditions familiales du temps Fêtes que j’avais enfouies profondément en moi ont refait surface. Ce fut une véritable première année où j’ai reproduit des traditions de Fêtes que je souhaite léguer à mon tour à mes enfants. Sans le rétablissement, cela n’aurait pas été possible. Dans mon actif, j’étais égocentrique, je ne pensais qu’à moi et à MES BESOINS. Cette année, j’ai pu faire plaisir aux gens que j’aime et ça m’a énormément fait du bien.

Je dois vous partager une anecdote d’une soirée que j’ai vécu, qui pour moi aura été une expérience spirituelle qui m’aura procuré énormément de gratitude face à la vie. C’était la première fois que nous allions souligner le réveillon de Noël chez mon beau-père avec la famille de sa récente conjointe. Mon esprit a rapidement basculé dans le plaisir et l’amusement. Cette famille a su créer une ambiance chaleureuse, accueillante et agréable. J’ai pu y contribuer aussi à ma manière. J’ai ri comme sans bon sens. Réunir des familles demande beaucoup d’ouverture d’esprit, d’accueil et de bienveillance d’une part comme de l’autre. La soirée a été une véritable célébration de l’esprit des Fêtes. Il y a eu autant de rires que de pleurs rappelant des souvenirs et des traditions de leur passé familial. J’ai rencontré une famille humble, accueillante, unie et remplie d’amour. Ils ne le savent pas, mais c’est ce dont j’avais besoin pour vivre mon rétablissement à Noël. Ils ont contribué à mon cheminement ce soir-là et ils m’ont aidé à prendre conscience que c’est possible de célébrer le temps des fêtes sans s’enivrer. 

Finalement, toutes les appréhensions étaient légitimes, mais il s’est avéré qu’aucune de celles-ci ne se soit concrétisée. L’important est la planification que j’ai mise en place pour prioriser mon rétablissement. Mettre mes limites et m’affirmer ne sont pas des actions faciles à appliquer. J’ai souvent peur du jugement des autres, des réactions négatives et des conflits. J’apprends à me respecter et à me donner de l’amour 24 heures à la fois. Pour être le moins possible dans l’appréhension, j’essaie de me ramener dans l’instant présent en méditant et de faire confiance à la vie en croyant qu’elle m’offre ce dont j’ai besoin et non ce que je veux.