L’aventure de la sobriété

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Texte par Laurence Coulombe

Au début, j’étais comme un vieux déchet. Pendant 2 mois. Ne me touchez pas, ne m’approchez pas. Puis, comme une chenille qui se prépare pour sa nouvelle vie, je suis sortie de mon cocon. J’ai émergé de cette vie lente, lourde, trash et laide pour m’envoler vers le monde de la sobriété.

J’avais peur de moi, de ce qui m’attendait, mais surtout, j’étais excitée à l’idée de toutes les choses que je pouvais finalement accomplir. Lorsque j’ai réalisé la chance que je m’étais donnée, les idées et les projets se sont mis à me sauter en pleine face et je me suis « garochée » dans le sport pour compenser. Certains diront que c’est une bonne chose, mais abuser (de n’importe quoi) ça cache quelque chose. Je ne le réalisais pas encore.

« C’est une chose, d’arrêter de boire, mais il faut ultimement trouver le bobo. »

C’est ensuite que j’ai décidé de faire un échange étudiant en Alaska, voyage qui m’a aidée dans ma transformation, qui m’a aidée à faire une coupure. Je me suis trouvé des projets et surtout, une passion : le plein air! Escalade sur glace, kayak, camping d’hiver et j’en passe. Tout y était pour rendre l’hyperactive en moi, heureuse. Là-bas, j’ai vécu mon premier anniversaire de sobriété. Je suis allée dans un meeting pour femmes malgré ma peur. J’étais super fragile. En Alaska en plein hiver, on s’entend que de boire de l’alcool, c’est plutôt une activité populaire. Durant cette première année, j’ai été sur un pink cloud à fond et ça m’a permis de passer au travers. J’avais de l’argent, j’avais des lendemains, de l’énergie et surtout… j’avais confiance en moi un peu plus chaque jour.

À mon retour, je suis légèrement descendue de mon nuage. J’ai réalisé que c’est une chose, d’arrêter de boire, mais il faut ultimement trouver le bobo.

Le bobo hein? Hmmm… Je crois qu’il y en a souvent plusieurs. Des fois c’est d’en trouver un et de l’accepter, car on se rend compte qu’on ne peut rien y changer. Puis il y a d’autres blessures qu’on peut apprendre à gérer, à « vivre avec » ou à contrôler. Sinon, on peut les laisser derrière nous et foncer. Chacun ses saletés, chacun son passé. C’est ton histoire à toi. Le principale, c’est d’avancer.

Ce qui est le plus difficile et le plus beau à la fois de ma vie sobre, c’est de pouvoir vivre chacune de mes émotions à 100% à chaque seconde.

Essaye ça voir, je te promets que tu en ressortiras gagnant, même si ça ne fait pas toujours du bien.

« Je suis fière de qui je suis sans avoir à renier ma vie d’alcoolique. »

D’avoir choisi la sobriété, c’est d’avoir décidé de faire de la place pour de belles choses. J’ai choisi – oui, oui, c’est un choix que toi seul peut faire et personne d’autre – de faire de l’espace pour du beau !

Aujourd’hui, ça fait un peu plus de 5 ans que je suis sobre. Je me suis depuis fait une place dans le domaine de l’aventure. J’ai bien sûr encore beaucoup de chemin à faire en lien avec à ma guérison, mais je suis fière de qui je suis sans avoir à renier ma vie d’alcoolique. Au contraire, j’en parle et je la partage pour que ceux et celles qui veulent bien l’entendre réfléchissent à leur consommation ou aident un ou une proche. Je ne souhaite que donner espoir à ceux et celles qui souffrent à cause de l’alcool ou d’une dépendance et ce, de près ou de loin. Ça prend du courage, ça c’est sûr.

Je t’invite à vivre une journée sobre, puis à voir si la prochaine peut l’être aussi, à voir ce que tu as accompli ou juste comment tu t’es senti, cette journée-là. T’as la force d’être qui tu veux parce que tu peux. C’est ton choix. Ne perd pas espoir.