Essai numéro 647…  Ok, juste une bière : tu relaxes et tu rentres après.

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Texte anonyme

Je sais déjà dans mon subconscient que les 48 prochaines heures sont scrap, mais j’essaie de ne pas y penser.  Je me fais accroire que je suis guéri.  À soir, j’vais l’avoir, que je me dis.

20h44 : première bière, première gorgée. 2e : 20h44 et 15 secondes.  Je commence déjà à choker !  Je sais déjà dans mon subconscient que les 48 prochaines heures sont scrap, mais j’essaie de ne pas y penser.  Je me fais accroire que je suis guéri.  À soir, j’vais l’avoir, que je me dis.  21h00 : déjà 3 bières de bues, je commence à faire des plans pour les 24 prochaines heures.  Une partie de ma tête choke, l’autre peut enfin relaxer, après 3 semaines à me retenir.

Enfin, que je me dis, le vrai moi arrive !  Le dude qui parle, le dude que certaines personnes aiment voir jouer de son instrument. Je suis enfin revenu dans ma zone de confort. Comme un espace pris dans le temps, qui m’appartient. Pour moi, cette sensation de commencer à être ivre se colle toujours à cette image de moi petit dans mon sous-sol de banlieue. Je reviens toujours là. C’est comme une couverture qui sort de la sécheuse quand t’as froid.

21h15 : je commence à être trop saoul, alors je croque un demi speed que j’avais amené dans mon kit de survie, kit qui comprend 4 speeds et 18 bières cachées dans ma maison et aussi dehors (pour éviter de me faire juger par mes proches). Il m’arrive même de cacher des bières aux alentours des bars – tsé, à 3h du matin, c’est commode.

21h30 : je commence à feeler le speed qui embarque, qui me met encore plus à ma place.  Là, à ce moment-là, je suis trop bien, mais je choke parce que je sais qu’à partir de là, c’est juste une descente qui va durer 48 heures.

Le problème, c’est que plus je bois mes estis de Poppers à 7% d’alcool volume, plus je déprime, plus j’ai le goût de recroquer.

Drink, jase, drink, parle trop, drink, jase…  Puis à 3h, le monde normal qui a toughé jusque-là va se coucher. Pas moi, heureusement y’a toujours quelqu’un d’aussi malade que moi qui m’accompagne dans mon déni.  4h : je jase encore, la vie est malade !  Je croque un peu.  5h : jase encore, croque encore – plus parce que je choke de voir le regard des autres qui se disent : « Esti man !  Qu’est-ce tu fais, vas te coucher ! »  Moi je cherche ma couverture chaude, que j’ai perdue à 21hr40.

Après, c’est la même heure qui recommence encore et encore : 6-7-8-9-10h. Enfin onze, je peux caller d’autre dope.

11h28 : la dope arrive, je recroque. À partir de 17h, je sais que je travaille dans 36 heures, alors je commence à essayer de me smasher solide pour arriver à dormir.  Le problème, c’est que plus je bois mes estis de Poppers à 7% d’alcool volume, plus je déprime, plus j’ai le goût de recroquer.

19h00 : dans un geste soudain et cave, je recroque …  Là, j’suis dans marde.  Tout le processus est à recommencer.  Ça me prend souvent 3 fois pour y arriver.  1h : je prends un médicament qui m’endort : du seroquel, seul médicament non addictif pour les alcoolos.  Je dis bye à ma place que j’aime, mes émotions sont dégueulasses…  Là, je choke encore plus.

Un matin particulièrement rough, je me suis posé la question : à quoi ça sert de me faire mal de même ?  J’ai pas eu de réponse, et ça m’a vraiment fait réfléchir. J’ai décidé de faire le deuil de boire. Juste un drink, c’est impossible pour moi. 

Le pire est à venir : lendemain de veille dégeux qui va durer au moins 18 heures.  Je vais inévitablement pleurer dans une toilette ou une ruelle. Je vais remettre ma vie en question jusqu’à ce que ça se replace (2-3 jours habituellement). Puis 2 jours plus tard, j’ai tout oublié et je me fais accroire que je peux juste en boire une…

Ok : essai numéro 648…

Un matin particulièrement rough, je me suis posé la question : à quoi ça sert de me faire mal de même ?  J’ai pas eu de réponse, et ça m’a vraiment fait réfléchir.  J’ai décidé de faire le deuil de boire.  Juste un drink, c’est impossible pour moi.  Ça m’a pris des années à l’accepter.  Maintenant, je fais du mieux que je peux.  Je sais que ce n’est plus pour moi.  Même l’environnement qui entoure l’alcool n’est plus pour moi.  Je tombe de temps en temps, mais de moins en moins souvent.  Le fait de ne plus avoir de lendemain de veille dans ma vie, je ne peux pas décrire à quel point c’est un changement.  Le fait de se lever avec le sourire et d’être positif, c’est une des belles affaires que je me suis offerte dans ma vie.

En conclusion, si j’avais un conseil à donner : arrêtez d’essayer d’être capable de boire.  Personne n’a besoin de boire.  Au début, c’est plus tough, mais on est gagnant au final !