La lumière blanche

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Texte par Vincent Morin

J’avais 15 ans. J’ai fait une surdose. J’ai pris un mélange de PCP, d’alcool, de marijuana et d’anti-dépresseurs qui aurait pu tuer trois chevaux.

Je croyais avoir vu un ange. Des yeux d’émeraudes me fixaient. J’étais certain d’être au paradis. Et pourtant…

Quelques minutes plus tard, je me réveillais. Ce n’était pas un ange, mais une infirmière. Branché de partout, je ne pouvais parler. Sans compter une sonde là où ça fait mal…

J’ai demandé un crayon. Et j’ai demandé à mon père, qui était à mon chevet : « Qu’est-ce qui s’est passé? ».

Il m’a répondu du tac au tac : « Ça, c’est à toi de me le dire ».

J’avais 15 ans. J’ai fait une surdose. J’ai pris un mélange de PCP, d’alcool, de marijuana et d’anti-dépresseurs qui aurait pu tuer trois chevaux. Après avoir perdu la carte, m’être battu avec à peu près tout le monde sur place lors de cette Saint-Jean-Baptiste, j’ai été aux prises à de violentes convulsions.

Je n’ai jamais compris pourquoi j’ai eu cette deuxième chance. Mais j’essaie d’en profiter chaque jour de ma vie.

J’ai peu de souvenirs de tout ceci. Je me rappelle toutefois quand les ambulanciers sont venus me chercher. J’ai forcé tellement fort après les barreaux quand ils m’ont attaché que j’ai senti mon cœur se déchirer. Je me suis senti m’envoler.

J’ai alors vu les moments les plus heureux de mon enfance revenir sous mes yeux. J’ai revu mon grand-père. J’ai revu l’arbre sous lequel je me balançais au chalet de ma grand-maman. Puis, j’étais en paix. J’ai fait un signe de la tête, j’étais prêt à partir.

J’ai vu la lumière blanche. J’ai vu la mort, paisiblement.

On m’a réanimé à deux reprises. Une fois dans l’ambulance. Une fois à l’hôpital. J’ai été comateux durant trois jours.

Je n’ai jamais compris pourquoi j’ai eu cette deuxième chance. Mais j’essaie d’en profiter chaque jour de ma vie.

Ce n’est pas un passage glorieux de ma vie. Mais je l’assume. Et je suis maintenant en paix avec mon passé. J’ai blessé des gens et surtout, moi-même. J’ai pris de mauvaises décisions, j’en suis conscient.

Je n’étais pas heureux. Je me cherchais. Je me suis trouvé. Ma dépendance aux substances illicites a été transférée vers la boxe. Ce sport a changé ma vie…mais ça, c’est une autre histoire.

J’ai travaillé dur sur moi. Et je continue de le faire. Présentement, j’aime ma vie. J’aime la vie tout court.