J’ai été chanceuse…

Partagez

Texte par Eliane Gagnon

J’avais ce désir tellement intense d’être heureuse qui j’ose croire, m’a gardée dans le bon chemin.

J’ai été chanceuse. Choyée même. Bébé gâtée pourrie. Je peux le dire sans gêne. Mais ça veut pas dire que ça été facile pour autant. Je me demande souvent qu’est-ce qui fait qu’une personne s’en sorte ou qu’elle ne s’en sorte pas? Qu’elle sombre ou qu’elle ne sombre pas. Pourquoi certains sont choyés de la vie alors que d’autres sont aux prises avec toutes sortes de maux, maladies, dépendances, malformations, carences ou handicaps physiques? Qu’est-ce qui fait qu’un humain soit assez résilient pour réussir à trouver le bonheur quand même, malgré les obstacles et les aléas de la vie, alors que d’autres vont s’enfoncer jusqu’à ne plus pouvoir se relever ou presque? C’est mystérieux et ces questions m’habitent depuis longtemps. Pourquoi tout le monde n’a pas la capacité de choisir le bonheur quand il voit qu’il dépasse la limite au point de non-retour, qu’il « cross the line » comme on dit en bon franglais?

Que je le veuille ou non, je suis une fille de party mais c’est juste que j’ai la conviction aujourd’hui, que mon party est ben plus l’fun à jeun…

J’ai traversé la limite plein de fois et j’aurais pus y laisser ma peau à plusieurs reprises mais j’avais toujours cette espèce de conscience de « tu es capable de faire quelque chose de mieux, pour toi et pour les autres. » J’avais ce désir tellement intense d’être heureuse qui j’ose croire, m’a gardée dans le bon chemin. Mais t’sais, je peux me poser la question de c’est quoi le bon chemin ? C’est clair que j’ai vécu toute les mardes que j’avais à vivre pour me faire comprendre que je suis responsable de mon bonheur dans une certaine mesure, que j’ai le choix de pas boire ou me geler pour être la personne que je veux être et non la fille de party d’antan. Mais la vérité c’est qu’on peut sortir la fille du party mais pas le party de la fille! Pis moi, ma personnalité de “rassembleuse- fêteuse”, elle va toujours rester.Que je le veuille ou non, je suis une fille de party mais c’est juste que j’ai la conviction aujourd’hui, que mon party est ben plus l’fun à jeun…beaucoup moins dangereux et pas mal plus sain pour ma santé mentale!

Le déclic c’est de vouloir une vie meilleure et s’accomplir en tant qu’humain, que femme…

On m’a demandé dernièrement : « Mais Eliane, ça été quoi le déclic? »  Y’en a tellement eu souvent des déclics que c’est presque gênant d’en parler. J’ai eu des déclics toute ma vie, à coup de lendemains de veille qui font mal, de souffrances accumulées, d’alcool au volant et même de nuit en prison…trop d’affaires dans une seule vie pour dire ça été quoi le déclic. Mais si je résume, c’est de plus être capable de souffrir. Le déclic c’est de vouloir une vie meilleure et s’accomplir en tant qu’humain, que femme… Le déclic, je crois qu’il est accessible à tous mais c’est vrai que des fois, il faut toucher le fond. C’est aussi possible de réaliser que ça ne va plus avant de tout perdre, que la sobriété c’est un mode de vie qui est exceptionnel, surtout pour des gens équipés comme moi, pour des alcooliques. On peut dire pour des gens qui ont des troubles d’usage d’alcool et de drogues…Ça fait plus poli mais on peut aussi appeler un chat, un chat. Alcoolique, un mot qui fait peur mais qui sonne si bien maintenant que j’assume d’où je viens.

Je suis une alcoolique en rétablissement et le meilleur reste à venir, parce que j’ai la liberté de choisir, de poser des actions dans le sens d’un sobriété heureuse, satisfaisante même gratifiante! Merci la vie pour tous les déclics, je suis rendue ici grâce à chacun d’eux ! Il ne faut jamais sous-estimer une épreuve, une difficulté…il faut plutôt l’accueillir et comprendre sa raison d’être.